Portraits de nos anciens

 

Note d’intention

J’aimerais photographier les anciens de ma commune. Ils sont la mémoire vivante d’un lieu, les garants du passage du temps, le lien entre les souvenirs et l’avenir. Les anciens sont les lignes de vie d’un paysage en constante évolution. J’aimerais fixer leurs regards, leurs postures, leur expérience.

Cette génération de personnes nées au début du siècle dernier et ayant connu la guerre va bientôt s’éteindre et avec elle une partie de notre histoire commune. Je voudrais leur rendre hommage.

A la manière d’une anthropologue, de façon non-intrusive, sillonner les hameaux et garder l’image de ces « gens de peu », habitants du monde rural, dans leur quotidien de 2014. Pouvoir transmettre ces images aux nouvelles générations, témoignages ordinaires et précieux d’un temps pas si lointain et déjà révolu.

Pourquoi Champagné ? Parce que c’est ma commune d’adoption depuis 2009 et que c’est devenu mon territoire, celui où mes enfants grandissent et où se tissent des liens sociaux et amicaux. J’ai envie de connaître et de reconnaître son histoire et ses reliefs, j’ai envie de lui rendre son hospitalité en m’intéressant à l’une de ses richesses : ses habitants.

Claire Marquis (12/2014)

PORTRAITS DE NOS ANCIENS 

“Donner une âme à tout, c’est le secret des anciens »

Stendhal  / Journal

Portraits de nos anciens…Voilà un beau titre pour un album photo qui veut honorer les femmes et les hommes d’une même génération, celle qui a précédé toutes les autres, vivant aujourd’hui à Champagné-Saint-Hilaire !

Dans cet hommage qui est passé par  l’objectif de la photographe Claire Marquis, ce que « Murmures et Cultures à Champagné » vous offre à voir, ce n’est pas un trombinoscope, ce document qui sert à mettre un nom sur un visage…ou le contraire. C’est  une galerie de portraits qui marquera une date dans l’histoire de Champagné : 2015. Car un portrait n’est pas fait à l’improviste, il donne de chaque personne une image, instantanée certes, mais qui  met  en valeur sa singularité, façonnée par son caractère et son existence. Cette personnalité,  elle  transparaît  aussi dans le décor de la vie quotidienne, et dans l’activité favorite ou dans la passion que chaque cliché a captés. Elle l’est aussi dans quelques évocations, saisies dans une conversation, qui résument les décennies vécues, avec  leur  piment et leurs démangeaisons.

Beaucoup de nos anciens ont la chance de vivre encore à deux, ou entourés de frères et de soeurs, ou d’ enfants et de petits-enfants, ou encore attachés à un fidèle animal. Leur image est alors illuminée par une expression évidente : ils sont heureux de partager leurs joies, leurs efforts, leurs difficultés parce que, sans le savoir, sans se le dire, ils aiment.

Le verbe « aimer » est sans doute la meilleure explication à la riche diversité de cette génération. Que de jeunes mariées sont venues s’installer à Champagné dans la ferme de leur mari ! Que de couples sont devenus Champagnois parce qu’ils ont eu le « coup de foudre » pour Champagné ! Que de jeunes gars ont trouvé un emploi d’ouvrier agricole dans ce joli coin de campagne où ils ont aimé s’enraciner.

Par son large espace, par la variété de ses paysages, par l’attrait de ses longs chemins herbus, mais aussi par tous ses lieux qui s’offrent à la convivialité, Champagné-Saint-Hilaire constitue une commune  où l’on se sent bien. Et ce patchwork de portraits,  tout en affirmant les qualités de chacun, est représentatif de ce qu’on peut appeler une civilisation rurale, c’est-à-dire un savoir-vivre ensemble, mélange de courage, de solidarité, et de bonhomie.

Cette génération en a développé les valeurs, elle en a supporté les désagréments, mais elle est là, bien solide encore, et prête à transmettre le flambeau, un peu nostalgique il est vrai. Nous avons dû nous fixer une règle pour la définir, cette génération : à partir de quel âge on en fait partie. Nous avons pensé que nous pouvions faire appel à un repère de l’histoire et parler de celles et de ceux « d’avant quarante ».

Une autre règle nous est  apparue évidente aussi : pour figurer sur cet instantané de l’histoire de Champagné, il faut y être domicilié. Règle bien dure car c’est un crève-cœur que de ne pas y inscrire des figures vivantes de Champagné qui ne peuvent plus en fouler le sol. De même qu’est dure l’idée qu’on en a peut-être oubliées ou qu’on n’a pas su les convaincre toutes d’offrir leur  témoignage dans cet album.

Feuilletez le vite, puis promenez-vous dans ses pages parfumées de souvenirs, prenez-le temps de vous arrêter devant chacun de ces visages qui vous sourient aimablement et qui vous parlent du pays, de la vie, du temps qui passe…

 

 Association Murmures et Cultures à Champagné